N’attendons pas qu’il soit trop tard ! N’attendons pas que le prochain article de journal sur Robert VICIU nous annonce son décès !Robert VICIU vit dans la forêt à Colmar depuis plusieurs années. Nous le rencontrons régulièrement lors de nos maraudes, vous le connaissez aussi. Il est passé dans le journal les DNA en février 2019 dans le cadre des maraudes effectuées par l’association Espoir, puis en décembre 2019 suite à une mobilisation des Colmariens via les réseaux sociaux. Certains d’entre vous l’ont déjà rencontré lorsqu’il fait la manche devant le marché couvert ou sur son lieu d’habitation, une tente au milieu de la forêt. Pour la majorité d’entre vous, vous avez tout au moins aperçu sa tente lorsque vous passiez sur la départemental qui mène à Sainte Croix en 11 février 2021, nous sommes allés à sa rencontre dans le cadre de nos maraudes. Cela faisait quelques temps que nous ne l’avions plus vu. A vrai dire, nous espérions ne pas le rencontrer ce jour-là. Il fait très froid, il a surement accepté d’être hébergé par ce temps ! », voilà ce que je me suis dis lorsque Camille a éteint la voiture au bord de la départemental. -11°C à 17h, cette nuit sera glaciale ! Les associations le connaissent, L’ordre de Malte vient le visiter, ils ont certainement réussi à le convaincre de quitter sa tente, lui qui ne voulait jamais être hébergé en l’avait dit en février 2019 dans l’article des DNA C’est la prison là-bas, dans ma tente, je suis tranquille, je n’ai pas d’horaire à respecter ». Mais il n’y a pas que les horaires qui posent problèmes dans les foyers d’hébergement d’urgence, il y a aussi la violence, l’alcool, les vols, les agressions, les trafics de drogues... Voilà la réalité des foyers, je la connais, j’y ai passé deux ans et demi dans le cadre de ma profession d’éducatrice ne lui avions jamais proposé d’appeler le 115 jusqu’à présent. Il ne voulait pas être hébergé, il ne pouvait pas être hébergé. Robert est issu de la communauté européenne autrement dit il n’est pas de droit commun. Il n’est donc pas prioritaire pour accéder à une place d’hébergement par le 115. Cependant, depuis le 9 février, le Plan Grand froid a été déclenché dans le Haut-Rhin. Le communiqué de presse du 9 février 2021 indique La possibilité, en cas de besoin, de prises en charge supplémentaires en structure d’hébergement d’urgence et à l’hôtel pour les personnes en situation de vulnérabilité sollicitant le 115 ».Ce jeudi 11 février à 17h, il était là et a ouvert sa tente en nous entendant arriver. Asseyez-vous, prenez place ! » nous dit-il en nous montrant son canapé couvert de neige face à sa tente. Non merci, je n’ai pas envi de poser mes fesses dans la neige » me suis-je dis. Souriant, il semblait ravi de nous voir. Après quelques nouvelles échangées, nous lui avons proposé de contacter le 115 pour lui. Robert a dit oui ». Il a simplement dit oui, il ne s’est pas plaint mais il avait froid, très a eu l’écoutante du 115 après de longues minutes d’attente. Hébergé en hôtel par le 115 durant plusieurs jours, Robert a été mis dehors à la demande des hôteliers. Des soucis d’hygiène ont été la cause de sa fin de mise à l’abri. Il y a deux semaines. Deux semaines que le temps se dégrade, nous attendons une vague de grand froid mais Robert est livré à lui-même au milieu de sa forêt à la demande des hôteliers parce qu’il ne respectait pas le règlement. Ils ne veulent plus de lui, donc le 115 n’a plus de solution pour lui. L’écoutante du 115 dit à Camille d’appeler les pompiers pour le conduire à l’hôpital. Pour quel motif ? Il est cohérant, ne se plaint d’aucune douleur. Cela n’est pas du rôle du secteur médical mais des services sociaux !Nous avons tenté d’exiger qu’une place de mise à l’abri soit proposée à Robert en justifiant d’une obligation préfectorale. L’écoutante du 115 nous a alors proposé une place dans une structure d’hébergement de Mulhouse. Il est bientôt 18h, le couvre-feu approche, nous avons froid et le 115 nous propose une seule solution, l’envoyer à Mulhouse. Nous sommes à 41km du lieu d’hébergement proposé à Robert. Nous ne pouvons pas l’y emmener, nous ne connaissons pas son état de santé, il a passé les dernières nuits et journées cherchons des hôtels ouverts en cette période de crise sanitaire où certains d’entres eux sont malheureusement fermés. 18h passé, les pieds dans la neige, nous ressentons le froid et nous refusons de laisser Robert mourir ce soir. Il voit notre embêtement et nous indique qu’il ne veut pas nous embêter. Ce qui nous embêtera Robert c’est de vous imaginer dehors quand nous serrons sur notre canapé ce soir ».Nous l’avons accompagné dans un hôtel et lui avons permis de passer 4 nuits et journées au chaud, dans un lit. 4 nuits pour 309€ avec les petits déjeuners. Il nous a remercié les larmes aux lendemain, nous sommes allés le voir à l’hôtel pour lui ramener des vêtements. Sa chambre était propre, il était propre sur lui et rasé. Robert nous a dit merci » et a ajouté vous m’avez sauvé la vie ». Il nous a raconté que lorsqu’il est sorti le matin, il s’est dit qu’il serait peut-être mort cette nuit. Il pense que mourir de froid doit se passer dans le sommeil et que ça ne doit pas être trop difficile. Je crois qu’il se matin il quittera l’hôtel et retournera dormir dans sa tente. Si le froid est toujours là, son corps et son psychisme auront eu un peu de le cadre de nos maraudes, nous avons constaté que depuis le mois de novembre, très peu de personnes dorment dans la rue à Colmar. Nous pouvons saluer la décision du Préfet du Haut-Rhin de renforcer le dispositif hivernal depuis le 1er novembre 2020, nous en avons vu les effets à Colmar. Néanmoins, ça ne suffit pas, une personne dans la rue actuellement est une de trop ! Le 115 doit déclarer à la Préfecture les personnes qu’ils ne peuvent pas héberger exclusion de centres d’hébergement d’urgence, d’hôtels. Ils l’ont peut être fait pour Robert ou peut être pas. Cela dit, la réponse de l’envoyer à Mulhouse pour une nuit n’était pas adaptée. Robert n’a comme revenu que les bénéficies de la manche qui sont très bas au vu du contexte sanitaire actuel. Comment se serait-il rendu à 41km de sa tente à 18h ? Pas d’argent pour prendre le train et le GPS indique 8h de marche. Comment aurait-il pu le faire ? Le 115 lui reprochera-t-il de ne pas s’y être rendu ? Refuser une place donnée par le 115 amène des difficultés à trouver une place par la suite. Une exclusion de l’hôtel pour des soucis d’hygiène et non respect du règlement l’amènerait-il à devoir mourir à la rue ? Aucun fait de violence ne lui aurait été reproché, le 115 me l’a vous sollicite pour me contacter par message privé afin de me dire si vous serriez prêt à aider Robert financièrement. Si des personnes étaient prêtes à payer une nuit d’hôtel à Robert, je pourrais me mettre en lien avec l’hôtel dans le but de négocier des nuits d’hôtel suspendues à prix réduits. Cela permettrait de payer quelques nuits en avance afin que Robert puisse s’y rendre de manière ponctuelle lorsqu’il sent qu’il ne tient plus. Cela n’est pas une solution, mais un moyen d’urgence à court terme pour une seule personne...En attendant, cette cagnotte leetchi permettrait à Robert de rester au chaud lundi soir.